Arménie, mon histoire et moi

Maria Sol Mar Tabakian
Buenos Aires, Argentina

Je sors de l'avion que j'avais pris en Arménie. Voilà Buenos Aires. Mes yeux sont toujours remplis de ses paysages que je ne saurais dater; certains sont très bleus, d'autres pas du tout. Ces souvenirs se mélangent aux contes que me racontait ma grand-mère, mes parents et mon école.

Avec ce fond de pensée, je suis retourné en Arménie, encore comme un de ses nombreux touristes qui visite ce pays légendaire et portant dans mon esprit ces images qui se sont déssinés depuis ma petite enfance.

Mais, lors de ma deuxième arrivée à Yerevan, je savais que ce serait quelque peu différent. Aux premiers instants, tout paraît, comme d'habitude, grandiose ; la lointaine, mais splendide montagne d'Ararat, la fameuse "Cascade", entourée de charmants cafés, l'Opéra angla Northern Avenuel. Mais plus le temps, mais à mesure que le temps passait, mon interprétation se modifiait petit à petit. Bien qu'en mon intérieur, le même sentiment de joie était que j'avais à mon arrivée à Zvarnots était toujours présent, le temps avait fait en sorte que je me sente différente. Mais pourquoi exactement était-ce si différent que ma première expérience ?

Depi Hayq vous donne l'occasion de découvrir l'Arménie en prenant tout votre temps, c'est-à-dire que vous ne serez pas coincé dans des horaires pas possibles ou des rendez-vous ponctuels. Durant mon séjour, j'ai eu l'opportunité de rencontrer des gens que je n'aurais ordinairement pas pu faire la connaissance. Et cela était une réelle leçon sur ces régions. Ces régions qui ont toujours appartenus aux souvenirs de mes alleux, mais qui maintenant commençaient à faire partir de mon identité.

Je sors de chez moi, je regarde le ciel

Je sors de chez moi, je regarde le ciel. C'est une belle journée, mais trop ensoleillée. Je mets mes lunettes, je marche et je tourne à gauche. J'écoute le bruit du vent qui murmure à travers les arbres. Je continue à marcher jusqu'à ce que j'arrive au poste de police, je lève la tête et les montagnes me saluent. Je marche près de l'église. Soudain, je me sens comme si cette route avait été le voyage de ma vie.

Gyumri s'est avérée être ma deuxième maison: ses paysages, son peuple plein de joie et de bonté, ses crépuscules, le ciel et la ville pleine d'histoire et d'espérance qui dorénavant resteront avec moi pour de bon.

Je suis perplexe parce que lors de mon arrivée dans la ville, j'étais encore sur mes préjugés et mes peurs. Maintenant je pars avec un bagage de bons souvenirs, mais je suis triste parce que je dois dire au revoir et de me séparer.

J'arrive dans la capitale, Erevan m'a tenu en haleine, une surprise chaque jour: les nuits pleines de vie les danses dans l'arrondissement de Cascade, les sourires amicaux, les anecdotes, les cafés, et leur musique...

Dans mon séjour, j'ai rencontré d'autres bénévoles, des aventuriers curieux comme moi qui ai pu marier leurs aspirations avec l'expérience d'apprendre à connaître leur lieu d'origine et d'appartenance. Le programme de bénévolat permet de réunir ces deux réalités. D'une part, il prend soin des individualités et des choix professionnels de chacun de nous, et d'autre part, la possibilité de découvrir de nouveaux espaces sur lesquels ces choix peuvent être comblés. Il est important de souligner que nous sommes tous engagés en tant que membres et participants de la même communauté.

Tous ces sentiments peuvent se résumer à une phrase que ma mère m'a dite: «je ne suis pas un témoin, mais un héritier». Je sens que j'ai eu l'occasion de faire l'expérience des deux choses; témoin de quelque chose que je ne connaissais pas vraiment, et héritier d'une tradition qui me rend fière.

Ces sentiments me permettent de me séparer de la douleur profonde que nous avons héritée, mais de m'ouvrir à la justice et à l'espérance. Il me donne l'espoir et me relie à d'autres qui, jusqu'à ce voyage, étaient juste des étrangers avec qui j'ai partagé cette expérience, et que, maintenant, sont ceux sur lesquels je vois mon reflet.