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Gabriel Sabbaghian
Canada 2023 participant
23 Nov, 2023

Pour le meilleur et pour le pire : la joie et la douleur de la vie en Arménie

3 min

Tout comme la géographie de l'Arménie qui varie considérablement avec ses vastes montagnes et vallées, on peut en dire autant de la variété des émotions que procure la vie dans ce pays.Mes 2 premiers mois ici m'ont offert les plus hauts et les plus bas que je me souvienne avoir connus, ce qui a radicalement changé le cours de ma vie.


MA PREMIÈRE CONNEXION AVEC L'ARMÉNIE


Ayant grandi et vécu pendant 24 ans à Montréal, au Canada, j'ai toujours apprécié mon lien avec mon identité arménienne à travers mon amour pour notre musique, notre danse, notre nourriture, nos traditions et notre histoire. Néanmoins, l'idée que je me faisais de l'Arménie était souvent associée à d'anciennes histoires de royaumes et d'empires, le moment déterminant de notre nation étant le génocide qui semblait mettre fin à notre glorieuse histoire. Il est facile de rester bloqué dans le passé, exaspéré par le fait de passer des heures à regarder de vieilles cartes de la grande patrie Arménienne et à regretter tout ce qui a été perdu.

La guerre de 2020 a été un réveil brutal pour de nombreux Arméniens du monde entier, moi y compris. Jusqu'alors, je ne prêtais que peu d'attention aux événements qui se déroulaient en République d'Arménie, un endroit lointain qui semblait n'exister que dans ma tête. Soudain, j'ai pris conscience que le livre d'histoire universelle du peuple Arménien ne se limitait pas simplement au passé et qu'un nouveau chapitre important était en train de s’écrire.


ARRIVÉE EN ARMÉNIE


Après avoir obtenu cette année un baccalauréat en génie aérospatial, je suis arrivé en Arménie en tant que bénévole Birthright avec l'intention de ne plus me sentir déconnecté de l'État Arménien moderne. Je suis incroyablement reconnaissant pour l'accueil incroyable que le personnel et les bénévoles de Birthright Armenia m'ont offert, ce qui m'a permis de créer des amitiés avec des gens du monde entier que je n'aurais jamais pu rencontrer autrement.Au cours de mes premières semaines ici, j'ai dû m'adapter à un grand nombre de choses nouvelles, mais d'une manière ou d'une autre, toutes ces nouveautés ont été accompagnées d'un sentiment de familiarité. Naturellement, tous les aspects de la culture arménienne que j'ai connus dans la diaspora sont élevés à un tout autre niveau ici : la musique, la danse, la nourriture, l'hospitalité, les lieux historiques, les paysages et les montagnes. Tout cela a contribué à mon admiration et à mon émerveillement quotidiens envers ce pays, mais la chose la plus puissante que j'ai vécue a été la chaleur des gens et l'intimité des interactions communes.

J'ai rapidement commencé mon stage chez Sarvia Tech, où j'ai travaillé à la réalisation de dessins techniques d'assemblages mécaniques.

Pendant ce temps, j'ai commencé à contacter de nombreuses personnes impliquées dans l'industrie aérospatiale locale afin de me renseigner sur les développements récents pour mon intérêt personnel et ma curiosité. J'ai été très impressionné par ce qui a été réalisé jusqu'à présent et par l'ampleur de plusieurs projets encore en cours. C'est ainsi que j'ai reçu un jour un e-mail d'une personne que je ne connaissais pas m'informant d'une offre potentielle de poste à temps plein dans une entreprise aérospatiale arménienne. Ce fut un choc, car la possibilité de m'installer définitivement ici était quelque chose que je n'imaginais que plus tard, lorsque je serais « prêt », mais tout d'un coup, une opportunité réaliste s'est présentée. En sortant de l’entretien le 19 septembre, j'étais très enthousiaste et mon esprit s'emballait à l'idée de tous les scénarios possibles que cette décision pourrait engendrer. Mon enthousiasme est retombé lorsque j'ai commencé à lire des nouvelles inquiétantes.


GÉNOCIDE D'ARTSAKH


Mentalement gelé, émotionnellement engourdi et épuisé, voilà ce qui résume mon état d’esprit pendant la première semaine après le début de l’invasion totale de l’Artsakh. Il m'était impossible de me concentrer sur mon travail ou sur quoi que ce soit d'autre alors que mon esprit était constamment distrait et que mes yeux étaient rivés sur les nouvelles. C'était un sentiment étrange de savoir que tout cela se passait à seulement 200 km et que nous ne pouvions rien faire. Dès que les gens ont commencé à franchir la frontière, il y a eu un besoin énorme de volontaires pour agir rapidement afin de fournir de l'aide et des produits de première nécessité. Je n'ai pas réfléchi à deux fois avant de me diriger vers le sud et de rejoindre All For Armenia, dans l'espoir de faire le peu que je pouvais pour diminuer d'une manière ou d'une autre, la douleur et la souffrance des gens qui ont perdu presque tout ce qu'elles avaient connu, et ce, à plusieurs reprises. La vue d'innombrables familles n'ayant plus qu'une poignée de biens à leur nom était bouleversante à observer de ses propres yeux. Malgré les nombreux visages d'angoisse, ce qui m'a le plus frappé et m'est resté le plus longtemps en mémoire, ce sont les sourires des enfants recevant des bonbons pour la première fois depuis des mois, les rires des enfants jouant dans des aires de jeux improvisées, le réconfort retrouvé des familles trouvant un petit moment de paix et de sécurité, et la solidarité entre tous les Arméniens pour aider leurs frères et sœurs.

Comparé à ce que j'ai ressenti en suivant la guerre de 2020 depuis la diaspora, il m'a été beaucoup plus difficile de voir ce qui se passait depuis l'Arménie, car les événements étaient si proches et touchaient directement des personnes que j'avais rencontrées ici. Cependant, le fait d'être ici m'a permis de faire une petite différence et de me rassurer un peu, sachant que j'étais capable de faire quelque chose de productif face aux immenses difficultés de notre nation. Ainsi, je dirais que les semaines qui ont suivi ces événements ont été plus faciles à gérer ici que dans la diaspora, où je me sentais le plus impuissant de ne pas pouvoir apporter quoi que ce soit de concret, et isolé de devoir continuer à travailler dans un environnement où les gens étaient inconscients de ce qui se passait.


AVANCER


Avec le recul, mes deux mois en Arménie m'ont donné l'impression de contenir une année entière d'expérience de vie, mais semblaient s'être écoulés en une semaine. Récemment, j'ai officiellement reçu une offre pour rejoindre une entreprise ici et j'ai accepté avec beaucoup de réflexion et de considération. Malgré la perte inimaginable qu’a subie ce pays, je continue à être rempli d’espoir pour l’avenir après avoir vu les changements monumentaux qui ont été réalisés ces dernières années par de nombreuses personnes qui travaillent en silence et avec diligence pour rendre ce pays meilleur. Je vois tellement de choses à envisager pour notre nation et je veux de tout cœur participer aux efforts qui transforment cet État en une patrie forte, résiliente et prospère, digne de son peuple. Il reste encore beaucoup de pages d’histoire à écrire, et la plume est entre nos mains.

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