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L.E.
France participant
25 Avr, 2022

Opinion : Erevan se transforme

Je suis arrivée à Erevan le 4 février 2022.

Au départ de Paris, mon père m’embrasse et me souhaite un bon voyage. Depuis plusieurs semaines il suit de près les actualités, on n’en parle pas vraiment mais je sais qu’il est inquiet pour la stabilité de l’Arménie. Mes premiers jours ici, je retrouve les souvenirs et l’atmosphère de mon précédent séjour en Arménie, en 2018. Je redécouvre Erevan en hiver et bientôt je perçois son nouveau visage. Marquée par la guerre, que l’on lit sur toutes les lèvres et tous les visages, marquée par la pandémie, discrète mais bien présente, la ville a un ton plus solennel.Petit à petit j’y installe mon quotidien.

Dans les bus, le métro ou les supermarchés on commence à m’accepter comme quelqu’un venue pour rester. J’apprends la langue et au cours des discussions que j’essaye d’avoir en arménien, on me demande d’où je viens. Si je réponds les premières semaines “ֆրանսիացի եմ:” (je suis française), je me présente progressivement commeֆրանսիահայ (franco-arménienne) et l’on finit par me répondre “Չէ, հայ ես:” (Non, tu es arménienne).

Le 24 février, au petit-déjeuner, j’apprends la nouvelle des attaques en Ukraine.

Les jours qui suivent, à Erevan et dans le monde, le choc laisse la place aux élans de solidarité, de résignation, de frustrations. Les médias, les réseaux relaient les récits et les images du conflit qui indigne, alarme et peine mais dont l’écho est déjà différent ici. À Etchmiadzin, une dame âgée me regarde, intriguée. Des mots qu’elle m’adresse, je comprends ceux-là : es-tu ukrainienne ?Չէ, ֆրանսիացի եմ: (Non, je suis française). Plus loin, une dame qui vend des fleurs à l’occasion du 8 mars m’en tend une avec bienveillance.С женским днëм (Bonne journée de la femme).

Je ne parlerai pas de politique parce que cela nous dépasse, je souhaite partager ce que l’on ressent ici à Erevan.L’arrivée des russes à Erevan dynamise la ville et en augmente la diversité. Dans les bars, on rencontre des étudiants de Moscou poursuivant leur licence à distance. Sur les réseaux sociaux, plus d’images de l’Arménie et de sa capitale circulent depuis les profils de jeunes russes. On y devine la musique et l’ambiance des rues d’Erevan le soir, les couleurs et les saveurs de ses restaurants et cafés. Et si le monde semble en apprendre plus sur Erevan, l’arrivée de nombreux russes permet aussi aux arméniens de mieux comprendre la réalité de leurs voisins et de se rappeler des opportunités qu’offre leur propre pays.

Dans la rue et les transports, on entend de plus en plus parler russe et l’on voit plus de voitures immatriculées russes. Des familles chargées, valises, poussettes, sacs à dos, dont l’apparence traduit le départ précipité et désorganisé, courent après les démarches administratives et la recherche d’un logement.

Le mois de mars 2022 a été, en Arménie, le plus froid depuis 40 ans et, sous la neige à Erevan, certains suspectent les russes d’avoir amené leur météo avec eux. Ce qui est sûr, c’est qu’ils amènent leur expertise, pour certains leur entreprise, leurs moyens et leurs réseaux.Quant à la perspective long terme de leur présence en Arménie, ils ne sauraient probablement pas répondre eux-mêmes si on les interrogeait.

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